Historique
Au fil des ans, au gré des besoins des communautés et des entrepreneurs, les programmes et les entités d’aide se sont modifiés pour mieux accompagner et soutenir les acteurs locaux du développement économique local et régional pour finalement créer le Réseau des SADC et CAE que l’on connait aujourd’hui.
Les fondations
À la fin des années soixante, on assiste à la montée du chômage dans les différentes régions du Québec, due au ralentissement économique généralisé à tous les pays. C’est alors que de nombreuses stratégies provenant du milieu ont émergé. Le gouvernement fédéral décide d’appuyer ces stratégies en injectant des fonds pour la réalisation de programmes destinés surtout au développement de la main-d’oeuvre des régions en difficulté. Lentement, l’idée de doter les collectivités rurales d’outils leur permettant de prendre en main le développement de leur communauté a pris forme.
Dans la foulée du Programme d’initiatives locales (PIL -1971 à 1977), du Programme d’aide à la création locale d’emploi (PACLE – 1972 à 1983) et de Canada au travail (CT – 1977 à 1980), le ministère Emploi et Immigration Canada s’entoure alors de «travailleurs de rue» qui voient à trouver des solutions aux situations d’urgence. Cette idée viendrait de M. Lloyd Axworthy, alors député à l’Assemblée législative du Manitoba, qui rencontre des problèmes dans son comté et qui décide d’y remédier. C’est d’ailleurs du programme PACLE que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est inspiré pour créer le programme international LEED en 1982 de même que la direction de l’OCDE qui s’occupe du développement local.
De ces initiatives naît une autre idée en 1978-79, celle de tenter une expérience tout à fait nouvelle: fournir aux collectivités les fonds nécessaires pour regrouper des leaders au sein d’une petite corporation et doter cette structure d’un fonds d’investissement permettant de financer les projets de petites entreprises que l’on juge intéressants pour la collectivité et viables financièrement. Le projet, nommé ADEL pour Aide au développement économique local, favorise la prise en charge du milieu et la notion du bas vers le haut en matière d’intervention de l’état dans le développement local.
Le premier programme de prise en charge par le milieu
Lancé en 1980, le Programme d’Aide au développement économique local (ADEL – 1980 à 1983) sera le véritable précurseur du Programme de développement des collectivités (PDC). Deux collectivités pilotes explorent d’abord la mesure en 1979 : Nanaïmo sur l’île de Vancouver et Gainsborough en Nouvelle-Écosse. L’idée a beaucoup de succès et, sous la pression, six autres projets pilotes sont déployés en 1981 dans quelques régions affectées par un taux de chômage élevé et persistant. Au Québec, c’est l’agence ADEL Haute-Gatineau inc. qui voit le jour la première le 16 février 1981. ADELIM des Îles-de-la-Madeleine suit en signant un contrat le 24 mars 1981. Les autres projets au Canada sont Bouctouche (Nouveau-Brunswick), Kirkland Lake (Ontario), Battleford (Saskatchewan) et Hay River (Territoires du Nord-Ouest). Une année plus tard, le 3 juin 1982, un troisième projet se concrétise au Québec avec la création de ADER de la Matapédia inc.
Les sociétés CLE
Le succès de ces initiatives est tel que le gouvernement nouvellement élu décide de déployer le programme aux collectivités en difficulté. Son développement est confié au Programme d’aide à la création locale d’emploi (PACLE) sous le vocable de Société de croissance locale d’emploi, mieux connu sous l’appellation de Société CLE. En 1983, le Programme de croissance locale de l’emploi (CLE) remplace définitivement le Programme ADEL. De 1984 à 1986, ce sont 30 sociétés CLE qui voient le jour au Québec. Ces sociétés sont composées principalement d’entrepreneurs locaux, de membres d’institutions financières et de ressources dédiées au développement économique. Pour la première fois, on donne à des communautés et à leurs représentants l’autonomie des prises de décisions. C’est du jamais vu!
Cinq volets d’intervention en développement économique local sont mis de l’avant et peuvent être privilégiés selon les besoins locaux :
- Un fonds pour les initiatives communautaires.
- L’achat de formation sous la forme de cours de formation professionnelle.
- L’aide au déplacement et à la recherche d’emploi.
- L’implantation d’un Centre d’aide aux entreprises (CAE).
- L’encouragement à l’activité indépendante par le programme de développement du travail autonome.
Rapidement, un constat s’impose : le développement de l’entreprise ne peut se réaliser dans un désert culturel et social. Les sociétés CLE jouent un rôle important, mais leur impact à moyen et long terme est limité dans la mesure où leur stratégie de développement n’a pas à tenir compte des enjeux majeurs auxquels les collectivités font face (absence de débouchés pour les jeunes et leur exode vers les grands centres, la qualité des services, la démobilisation des chefs de file et la carence des infrastructures). Une vision globale de développement et une planification stratégique deviennent nécessaires. Cette dimension, ce sont les CADC qui vont l’apporter.
Une vision plus large au service du développement
Fort de l’expérience acquise avec les programmes PACLE, ADEL et CLE, le gouvernement, aussi intéressé par le fonctionnement du système de développement des collectivités mis en branle en Europe dans les années 1970, décide alors d’initier un programme qui vise la création des Comités d’aide au développement des collectivités (CADC). Les CADC fourniraient aux collectivités, aux individus et aux organismes du territoire des services d’information, de planification et d’action en matière de développement socioéconomique local. En créant le Programme de développement des collectivités (PDC), Emploi et Immigration Canada veut corriger les lacunes des programmes précédents en impliquant et en intégrant tous les agents économiques et sociaux de toutes les sphères des collectivités. Cette citation tirée de la première version du programme résume d’ailleurs très bien la volonté du gouvernement de l’époque :
« C’est d’ailleurs de façon intentionnée que le PDC a été conçu par EIC pour, entre autres orienter le rôle du gouvernement vers celui d’un participant à un processus local d’analyse, de prise en charge et de développement durable plutôt que vers un processus de gestion gouvernemental et favoriser l’indépendance des milieux par le renforcement de l’appropriation locale et en ramenant l’intervention étatique à une contribution partenariale ».
De 1986 à 1995, 55 CADC sont implentées au Québec, de même que 28 autres Sociétés CLE.
Le regroupement des forces en réseau
Les sociétés CLE sont donc incluses dans le nouveau Programme de développement des collectivités (PDC) avec les CADC, sous le nom de Centre d’aide aux entreprises (CAE). Chacun évolue dans un créneau spécifique à sa raison d’être : CADC, le développement local, et CAE, le développement de l’emploi et le service aux entreprises. Or,il y a un lien constant entre le CAE et le CADC, puisqu’on se réfère sans cesse projets et clients de part et d’autre. Ainsi, après quelques années, un mariage devient inévitable et c’est en 1995 que se concrétise la transformation des 55 CADC et 61 CAE en Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC). «Le regroupement des forces», comme l’appelle la Direction des ressources humaines Canada (DRHC) qui gère alors le programme, a lieu à la fin de l’année 1995. Il est un événement marquant dans l’histoire du PDC. Les CAE effectuent une fusion avec les CADC, hormis les quelques organismes qui n’ont pas de confrère sur leur territoire.
Par la suite, le PDC est transféré au Bureau fédéral de développement régional pour le Québec (BFDR-Q) qui devient plus tard Développement économique Canada (DEC). C’est aussi en 1995 que l’Association des CAE et la Conférence des CADC fusionnent pour devenir le Réseau des SADC et CAE du Québec. Depuis, le Réseau n’a cessé d’exercer son rôle de rassembleur auprès des SADC/CAE pour finalement réunir ses 67 membres en 2003 et couvrir ainsi l’ensemble du territoire rural québécois et oeuvrer à son développement économique local.
Les SADC et CAE travaillent depuis plus de 40 ans au développement économique des régions du Québec.
Plus 400 professionnels et 600 bénévoles soutiennent des projets et des entreprises innovantes pour des collectivités prospères.
57 SADC
10 CAE
SADC au Québec
Entreprises accompagnées
Projets locaux réalisés
CAE au Québec